Dans la forêt des erreurs les chênes parlaient en langue chevreuil Les vanneaux sifflaient comme des merles et avec sa faux du dernier croissant le vent fauchait les prés à ras Dans la forêt des erreurs le renard était amical et le sanglier débonnaire...
Bouleau sur la colline Quand viendra ton printemps ? Bel arbre sans désir, qu'attirent les étoiles, Tu n'as jamais voulu connaître le dégel : Dans le coeur de la nuit tu vibres de blancheur ; Ton écorce est de neige ainsi qu'un jet de pierre. Comme un...
C'est après avoir traversé une plaine brûlée de soleil que je les rencontre. Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. Ils habitent les champs incultes, sur une source connue des oiseaux seuls. De loin, ils semblent impénétrables. Dès...
Ruisseau, ô toi qui passes murmurant De ta voix de cristal cette chanson, toi qui passes, ruisseau, toujours chantant en offrant tes eaux - ta bénédiction - toi qui connais la vie, ô toi qui sais la riante allégresse de l'amour : les yeux des oiseaux...
Les grands arbres dépouillés presque, somnolents, venteux, le fourmillement y perdure, ô musique, par rafales au travers du chemin. Chacun est roi qui se dresse parmi les autres pour y mêler son peuple de ramures, c'est le même, l'énergie tremblante d'où...
Depuis le jour antique où germa sa semence, Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux, S'enfonce puissamment dans les horizons bleus Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense. Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né Qu'elle emplissait déjà,...
À Yvonne Zervos Bouche folle ou sage Il te faut parler Bouche ouverte ou close Il te faut rêver Plus haut que ton souffle Paroles paroles pendues Aux plumes vérités des nids Entre les branches dessinées Du mur sans fin de la forêt Les étoiles des œufs...
Je connais un bois où les pieds bots les beaux pieds pieds de général pieds d'archevêque pieds de nez vont trois par trois comme les gouttes de rosée d'avril dans les allées du bois où l'amazone ne se promène plus depuis qu'en terre africaine elle incarne...
Sombrez sapins votre langue roide Habite mon âme hors du temps Dressez sapins ô nuit déjà Sur la terre où vous durez Votre château noir Depuis notre séparation sapins J'ai bu la source de la fée Et le lait des muses Elles seules ont su me guérir Ô toisons...
Je te croise au hasard de ma route, et conçois ta terrible solitude. Tu vieillis, été comme hiver, ignorant le bonheur de la vie en forêt. La joie de braver les colères du vent, de te briser plutôt que de plier sous lui. La joie des racines agrippées...
Dans la terre, un pépin de pomme. Dans le pépin, le germe se dresse vers la lumière. Dans le germe, une tige se forme. Dans la tige : le tronc, les branches, le bois odorant. Dans le bois, la sève monte vers le bourgeon. Dans le bourgeon, feuilles et...
À Moustaki, cette vague verte Des forêts salées surgissent des cerfs qui sont des dauphins bondissant dans leur beauté comme des arcs célestes. Ils semblent faits de feuilles d'olivier après une pluie de lumière de lune. Comme des poulains comme des cloches...
Tout devient arbre Oiseau soleil Ou pluie d'étoiles Et pourtant La grande cognée fait son œuvre Ils sont là Dans la boue Les bûcherons du corps Les aïeux Qui rappellent du fond des os Avec leurs doigts aveugles Le temps de laisser à l'enfance Une source...
Fleuve d’écorce et de racines plonge aux ténèbres de l'argile les fils de ta conscience obscure Tends vers le noir tes doigts, tes veines, tes rides et, sur tes épaules fragiles, sens se fermer les bras bronzés du crépuscule... Grand simulacre printanier...
Un arbre marche sous la pluie, passe à côté de nous dans la grisaille ruisselante. Il a une mission. Il soutire la vie à la pluie comme un merle à un verger. Quand la pluie cesse, l'arbre s'arrête. Il brille, paisible et droit dans la nuit scintillante...
Si n'était quelque branche une excuse de l'acte L'arbre n'aurait jamais osé montrer le poing Jamais n'aurait osé ce fruit pourpre ce point Final cette brûlante cire en haut du pacte. Jamais l'arbre n'aurait osé prendre sur lui L'obscur canal plongeant...
Il gît, scié en deux moitiés, L'arbre de ma vie - Les cercles bruns des jours ont le parfum De sève des blessures fraîches, Ensemble ils se froncent pour toi Comme les premières rides au visage de la femme Quand le regard de l'amant les dénombre : - Ô...
L'hiver Le temps de l'orme et du chêne De la flamme et de l'ami Le temps de la nappe et de la soupe Du livre et du silence L'hiver Des taches blanches sur le ciel Ce sont les mouettes qui vont vers la neige Des taches de sang sur ta robe Ce sont des souvenirs...
il ne plie pas le premier géant il s'abat alangui en écume de feuilles route plaie d'argile blanche ou rouge peut-être il descend en vertige d'âme en taillis de cisailles déchiré route blême le ciel avec lui roule dans la boue l'arête effilochée de la...
Une feuille de hêtre ! De ma fuite d'entre les hommes Avais-je escompté La libération sans borne et sans rivage, La révélation magique, le miracle ? Peut-être. Mais je n'ai rapporté Que cette feuille d'arbre, Cette petite feuille à peine dentelée. Est-ce...
Garde-toi de porter une main meurtrière sur les arbres qui sont l'honneur du "Pays-Haut", de ton Maine sarthois violet de bruyères, verdissant d'emblavure en ses champs fromentaux. Ne vas pas entailler, du tranchant de la hache, l'écorce, derme épais...
Dans la cour se dresse un prunier, Mais petit à se récrier. Tout autour un grillage Interdit les parages. Ce petit ne peut pas grandir. Grand, il voudrait le devenir. Mais vrai, pour tout conseil, Il manque de soleil. Un prunier ? On pourrait le nier...
A Robert Prade L'arbre était un filtre à nuages. Crêpu, il se détachait sur les toits bleus qu'aplatissait le poids du soir. Il y avait aussi un oiseau. Je le savais mais ne l'entendais pas. Comme moi, sans doute, se taisait-il, persuadé que formuler...
La parole est aux arbres, ils sont encore nos poumons et partagent l'espace où jardine l'oiseau. La parole est aux sources, elles sont encore notre peau, un peu de ce murmure où navigue l'enfance. Et parole à la pierre qui fut notre maison, apprivoisant...
Un rêve cette nuit a pris ma main, a fait sous mes yeux affaiblis croître une plante, et je voyais l'arbre du temps poussé sur la terre féconde avec à la naissance de chacune de ses branches une cicatrice mortelle, dont pourtant il n'avait pas péri, nourri...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté