Sur la route de Mambré
des étrangers, les chênes
en silence, ont sombré
dans l’or fondu. Un voile moite
de poussière sur le limbe
de la feuille,
la feuille ne bouge pas. Encore
à l’instant. Mais plus.
Trois hommes debout
dans la lumière
devant la tente. Le vieux lève
les yeux,
voit. De ses yeux
enflammés, secs
il voit : trois formes
dans la lumière.
Pris de frayeur, à ses tempes
il sent
la brûlure et la fraîcheur profonde
du souffle, et levant les yeux
vers les cimes des chênes, il voit : ils
vivent ! Il voit
le printemps disparu. De la Chaldée l’argent lumineux,
le vent.
Lassi Nummi
Elämän puutarha
Le jardin de la vie
Traduction du finnois par Yves Avril
Éditions Paradigme, 2015
Mamren tiellä
Mamren tiellä
muukalaisia, tammet
ääneti, sulaan
kultaan uponneet. Tomun
nahkea verho iholla
lehden,
lehti ei liiku. Vielä
äsken. Ei enää.
Kolme miestä seisoo
kirkkaudessa
majan edessä. Nostaa vanhus
katseen,
näkee. Silmin
tulehtunein, kuivin
näkee: kolme hahmoa
kirkkaudessa.
Säikäihtyen ohimoillaan
tuntee
polttavan ja syvänviileän
hengen, ja nostaen katseen
tammien latvoihin, näkee: ne
elävät ! Hän näkee
kadonneen kevään. Kaldean hopeankirkkaan
tuulen.
Lassi Nummi