Car les bois ont aussi leurs jours d’ennui hautain ;
Et, las de tordre au vent leurs grands bras séculaires,
S’enveloppent alors d’immobiles colères ;
Et leur mépris muet insulte le destin.
Ni chevreuils, ni ramiers chanteurs, ni sources claires.
La forêt ne veut plus sourire au vieux matin,
Et, refoulant la vie aux plaines du lointain,
Arborera l’orgueil des douleurs sans salaires.
Ô bois ! premiers enfants de la terre ! grands bois !
Moi, dont l’âme en votre âme habite, et vous contemple,
Je sens les piliers prêts à maudire le temple.
Un jour, demain peut-être, arbres aux longs abois,
Quand le banal printemps reverdira nos fêtes,
Tous, vous resterez noirs, des racines aux faîtes.
Léon Dierx
Poésies (1864-1872)
1872