Mes chers trembles, dont les cages aériennes apaisaient,
apaisaient ou arrêtaient de leurs feuilles le bondissant soleil,
Tous abattus, abattus, sont tous à-bas ;
D'une fraîche et fuyante file resserrée
Pas un, nul épargné
Qui dansait de ses sandales
D'ombres glissantes, sinuantes
Sur la prairie, la rivière et la rive aux herbes roulées par
l'errance du vent.
Oh si vous saviez ce que vous faites
Quand vous creusez ou coupez
Entaillez, torturez ce vert vivant !
La campagne est si douce
Au toucher, et son être si fragile,
(Comme cette boule lisse et lucide,
D'un coup piquée : plus d’œil du tout)
Que lorsque vous, même lorsque vous
Voulez l'amender vous l'achevez.
Quand vous coupez ou creusez :
Impossible aux suivants de deviner la fut-belle beauté.
Dix ou douze, seulement dix ou douze
Coups détruisent, dé-réalisent
La tendre unique scène,
Tendre unique champêtre scène.
Gerard Manley Hopkins
Traduit de l'anglais par Jean Mambrino
Grandeur de Dieu et autres poèmes 1876-1889
Granit, 1980
Source : geograph.org.uk
Binsey Poplars
My aspens dear, whose airy cages quelled,
Quelled or quenched in leaves the leaping sun,
All felled, felled, are all felled;
Of a fresh and following folded rank
Not spared, not one
That dandled a sandalled
Shadow that swam or sank
On meadow and river and wind-wandering weed-winding bank.
O if we but knew what we do
When we delve or hew—
Hack and rack the growing green!
Since country is so tender
To touch, her being só slender,
That, like this sleek and seeing ball
But a prick will make no eye at all,
Where we, even where we mean
To mend her we end her,
When we hew or delve:
After-comers cannot guess the beauty been.
Ten or twelve, only ten or twelve
Strokes of havoc únselve
The sweet especial scene,
Rural scene, a rural scene,
Sweet especial rural scene.
Gerard Manley Hopkins