Un bûcheron alla dans la forêt et pria les arbres de vouloir bien lui accorder un manche pour sa cognée. Les arbres les plus considérables accueillirent aussitôt une demande si modeste et, sans hésiter, donnèrent au bûcheron un tout jeune frêne, avec lequel il se façonna le manche qu’il désirait. Mais il ne l’eut pas plus tôt achevé qu’il se mit à abattre les plus beaux arbres de la forêt. En voyant l’usage que le bûcheron faisait de leur présent : « Hélas ! hélas ! s’écrièrent les arbres : nous sommes perdus et nous ne pouvons en accuser que nous-mêmes. C’est notre première concession qui nous vaut tous ces malheurs : si nous n’avions pas sacrifié les droits du frêne, nous serions nous-mêmes restés debout pour des siècles. » |
Ésope
Fables d'Ésope
Illustrations de Arthur Rackham
Éditions Corentin, 1995