Les bons arbres qui font de l’ombrage à la terre
Ont des frémissements de feuilles infinis,
Quand les petits oiseaux, à la saison des nids,
Viennent se confier, furtifs, à leur mystère.
Leur verte frondaison au parfum salutaire
À la sécurité des asiles bénits,
Et leurs bras protecteurs, trop vite dégarnis,
Bercent patiemment la famille légère.
Quand après bien des jours, quand après bien des nuits,
Quand après les fureurs des orages enfuis,
Les arbres voient au bord des nids battre des ailes,
Oh ! comme ils sont heureux d’envoyer par les airs
Tant de joyeuses voix chanter dans les cieux clairs,
Les arbres aux douceurs graves et maternelles !
Albert Lozeau
(1878-1924)
Poésies complètes
Jean-Yves Collette éditeur, 2019