Élevé vers le ciel telle une inerte flamme,
Symbole de la vie et de fertilité,
Tu puises dans la terre une sérénité,
Ton corps a-t-il une âme ?
De ton écorce, un jour, tu fis naître Adonis
Au jardin de l'Olympe, aux senteurs de la myrrhe.
Le monde ancien chantait ce que le notre admire,
La beauté de ton fils.
Dieu, du jardin d'Eden, planta l'arbre de vie,
Connaissance de tout, dès le berceau natal !
Mais pour Eve et Adam le pêché fut fatal,
Il engendra l'envie.
La Bible enseigne aussi, vieux témoin du passé,
Qu'un enfant de David viendra sauver le monde,
De ton plus haut sommet d'où la lumière inonde
La branche de Jessé.
Images d'autrefois, mais elles font l'histoire,
Les vérités d'hier seront-elles demain ?
Te dressant après nous, tu tiendras le chemin
Pour une autre mémoire.
En franchissant le temps, traversant les saisons,
Tu regardes la vie et le parcours des hommes,
Ta feuille au vent s'envole avec ce que nous sommes,
Vers d'autres horizons.
Dominique Simonet
Anjou
mémoire du temps
2008
Nous avons marché ensemble
à travers une steppe plus
blanche qu'un collier
de l'Himalaya
Nous avons grimpé aux cimes
des palmiers
et traversé les déserts
nous avons mordu jusqu'au
noyau
l'amour
directement pris
de l'arbre
nous avons déterré haguanoy *
et ubajay *
pour en boire le sel
* haguanoy - ubajay : tubercules
Danilo Romero
Poèmes
Éditions du Petit Carré, 2016
Avec l'amour du soleil
de la mer
avec mon amour
j'ai dressé un arbre marin
sur le sable de l'été.
Je l'ai nommé « Destin ».
Noires ses racines.
Ses branches étaient des ailes.
Aux nuits d'hiver la marée lui apprend
l'attente du printemps.
La lune lui donne courage
dans l'air glacé.
Solitaire l'arbre grandit
sur le rivage
avec l'espoir des mouettes
et l'amour de la lumière.
Un jour il s'envolera
traversant les nuages pour se perdre
dans les veines du ciel.
Ira Feloukatzi
Paysages vibrants
L'Harmattan, 2000
Claude Huart
Mirage de janvier
étincelles de gel
où la prairie s'étoile
en cosmos matinal
L'arbre roide et nu
attend de renaître
sous l'écorce blessée
Et le dehors pénètre
au miroir intérieur
des mues et merveilles
Jacqueline Saint-Jean
Sauver l'hiver
Encres Vives, n°505
À chaque aurore un arbre s'anime dans la brise
Semblant me saluer avec le petit jour
Et comme il ne peut pas chanter
Des oiseaux vocalisent son bonheur d'exister
Tout à l'heure j'irai m'asseoir entre ses branches
Cherchant près de son cœur de nouvelles racines
Jean-Marc Natel
Poésie 1/Vagabondages, n°25
Le cherche midi éditeur
L'arbre, là-bas : des arbres,
Mais l'arbre seulement.
La lumière qui le trouve,
la bonne lumière n'a pas été dite.
L'arbre.
Dans l'hiver qui gêne,
et repose.
L'arbre dans l'hiver imprononçable.
L'arbre
coupé,
la lumière tombe
autrement.
Gilles Cyr
Sol inapparent
L'Hexagone, 1978
Sa nuit était si noire,
Sa neige était si froide,
Si glacée sa résine,
Qu'un sapin de Noël
A poussé ses racines
Au ventre de la terre
Pour se chauffer les pieds.
À l'autre bout du monde,
Son ciel était si clair,
Son sable était si chaud,
Si brûlante sa fièvre,
Qu'un palmier de Noël
Les prit entre ses mains
Pour rafraîchir sa sève.
Bernard Lorraine