à N.V Looski
1
libre des yeux parmi les feuilles hautes de ce bois
je suis — monde sans frère
(et
toi) mais l'air-reconnaissance ?
(je parle
comme un pays)
2
mais
que le vent
prolonge
(en ce qu'il touche)
le-raffut-des-enfants — tu es ce jour un tel silence
les os en moi
des pères
font assez mal
pour que je me prolonge
comme à genoux
dans le profond
libre des yeux parmi les feuilles hautes de ce bois
depuis longtemps n'allant plus vers l'amour
aimant tout bonnement
où ma présence « est là » (et depuis lors dans les réveils
je ne fus séparé pour
chercher)
3
ô lettre dans le vent (de moins en moins douleur)
deviens un peuple et sois unique un peuple
dirais-je à mon ami (je trouverai)
l'aube est de plus en plus antique (et nous semblons
demander aux étoiles seules) et calmement
de la chaleur
du sang je vis un jour
venir à moi un frère
qui dans le peuple
pour longtemps
se prolongea
(un autre
va venir :
ailleurs
qu'où il n'est pas)
— il est toujours dans la misère, et plus qu'un monde
ouvre toujours le songe : en vie, libre à ce point ! —
j'introduirai
disant ainsi
le rêche dans l'air translucide
« frère » — pour que vif
pour qu'à un frère
(et ça — c'est — que tu sois là)
4
libre des yeux parmi les feuilles hautes de ces bois
ami
(mon frère — et les absences sont indifférentes)
dans l'os (sans peur) brûlant
(il me
suffit
de la douleur
le «je» conjuguant l' «être»
et la sagesse je connais depuis longtemps un homme
qui a forgé non par le seul regard
mais par l'esprit
(comme une eau remplissante
un seau jusqu'à ras-bord)
le parvis (et le frissonnement) dans les bouleaux)
1981