Les arbres sont meilleurs que l'Homme et que la Bête,
Ô Terre ! car, encor qu'ils soient nés avant eux,
Entre tous tes enfants ils demeurent pieux,
Et leur âme en ton cœur plus aimante végète.
Car bien qu'ils soient vêtus de force, et que leur faîte
De plus près que nos front avoisine les cieux,
Ils n'ont point repoussé ton sein mystérieux
Et c'est toujours ton lait divin qui les allaite.
Contre Toi, comme nous, pour du pain ou de l'or,
Ils n'ont pas retourné leur bras paisible et fort,
Ni marché, comme nous, sur le corps de leur mère.
Et c'est pourquoi Dieu fait qu'ignorant les combats
De l'esprit et les maux de la chair éphémère,
Ils aient des jours nombreux et bénis ici-bas.
Louis Mercier
Journal « Le Droit »
Ottawa, 21 mai 1941