Brouillards de fin d'automne, rêves glacés
Couvrent d'un voile montagne et vallée,
La tempête déjà effeuille les arbres
Et leur donne l'allure de fantômes décharnés.
Seul un arbre, triste et silencieux,
Un arbre solitaire, a gardé son feuillage,
On le dirait mouillé de larmes nostalgiques,
Et il secoue sa tête verdoyante.
Mon cœur, hélas ! ressemble à ce désert,
Et l'arbre que j'aperçois là-bas,
D'une verdeur estivale, cet arbre est ton portrait,
Ô femme si belle et tant aimée !
Heinrich Heine
Nouveaux poèmes
Traduction d'Anne-Sophie Astrup et Jean Guégan
Gallimard, 1998
Jean Fautrier
L’Arbre vert
Musée Reina Sofía, Madrid