Quel était ce matin où j’ai pour la première fois
traversé ton nom d’arbre ?
Était-ce en ce midi quand, d’écorce en écorce,
j’ai pénétré l’espace de ta nudité,
touché le cercle étroit de notre différence ?
(Quand je t’ai vu levé, frappant de ta colère
La main — ou le regard — qui t’avaient inventé,
revêtu malgré toi de l’aube des naissants.)
Je te savais nocturne, je te savais bouleau.
J’avais souvent nourri la sève de tes lèvres ;
mais ce jour-là, je ne t’ai reconnu
que des fougères, et cherchant un soleil
qui demeurait brisé dans le creux de tes mains.
(Et je t’ai vu levé, aveugle et séparé.
Je t’ai vu boire, et, contre le rocher,
dessiner un nom d’homme que je n’osais pas lire.)
Monique Laederach
Poésie complète
L'Âge d'Homme, 2003