Pour Stuart et Jeffrey Fabe
Même si une centaine de charmes
S'abattaient, pareils à de gros bouddhas,
De poiriers plantés dans le ciel,
Et s'ils tombaient des cieux d'ivoire
Pour se poser sur mes yeux grands ouverts,
Comme manne de fruits d'Orient,
Je doute de pouvoir me rendre compte
Que ce sont des porte-bonheur
Chargés de me garder en vie,
Non comme des nourritures comestibles
Mais pour me faire souvenir tout simplement
Que l'esprit peut vendanger le ciel.
Louis Daniel Brodsky
La terre avide suivi de
Vingt-quatre merles qui s'envolent
Traduit de l'anglais par Jean Lambert
Gallimard, 1992
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A Sky Filled with Trees
For Stuart and Jeffrey Fabe
Even if a hundred bodhi charms,
Drooping like plup Buddahs
From pear trees planted in the sky,
Fell from the ivory heavens
And landed in my open eyes
Like orient moon fruit,
I doubt if I would realize
They were tokens of fortune
Meant to keep me alive,
Not as food to be eaten,
Just being reminders
That the mind can harvest the sky.
Louis Daniel Brodsky
The Complete Poems
Volume Two, 1967-1976
Edited by Sheri L. Vandermolen, 2002