1
Bourgeon à vivre contre moi
tout condensé de sève
tu attends d'étreindre l'été
au plus fort de tes feuilles
C'est toi
la dignité du hêtre
le saule souffreteux
ou les doux bouleaux d'astres blancs
— Toi d'un subtil tissage
2
Saule fendu
au cœur béant de caoutchouc
quel témoignage de cavernes
— en champignons en bactéries verdâtres
en âpre gomme craquelée
— Rêver sur cette mort à seule image de poussière —
Mais ce lichen à te parer d'étoiles
carcasse où pleut encore une chevelure de mousses
3
L'incroyable pouvoir de vie
qui donne scions aux troncs hachés
Auprès veillent les hêtres qui respirent
les sylves de fûts navigables
4
Un royaume à ceux-là qui portent les regards
mes androgynes âmes ardues à boire
en bas la terre et l'eau
en haut le feu et l'air
Pour eux
mes capitales d'étangs bleus
ceints d'amours de bras jaunes
Francine Caron
Grandeur nature
Eklitra, 1989