L'enfant aimait les arbres. Pour y grimper, s'y réfugier, s'y balancer. Pour les contempler. De son lit, il observait la seule branche qui montât jusqu'à l'étage, l'imaginait détachée, flottant dans l'air épais. Il suivait ses métamorphoses saisonnières, la connaissait par cœur. Il admirait les dégradés de verts autant que les fulgurances de l'automne, se grisait du vent dans les branches échevelées, prenait pitié des membres rabougris sous la pluie luisante. Il savourait le feuilleté de l'écorce, le velouté des ventres de feuilles. Il chérissait tous les arbres à fruits. A cause de leur patience de Noël, il pardonnait leur monotonie aux sapins toujours au garde-à-vous. Il aurait voulu escalader son arbre généalogique.
L'enfant frémissait sous le chêne nourricier de l'école. Il encerclait les trois bouleaux de la prairie et chassait le tremble grisard à travers dune. Il devinait que les arbres ont partie liée avec les dieux. |
Colette Nys-Mazure
Feux dans la nuit
La Rennaissance du Livre