J'ai vu dans la forêt des arbres bien étranges,
Ils affectaient les formes les plus inattendues ;
Les uns se tourmentaient comme diables tordus,
Les autres me toisaient plus nobles que des anges.
J'en ai vu d'inquiétants et fort voluptueux,
Se coucher sur le sol en défiant le ciel,
Leur sève avait dit-on un avant-goût de miel,
Je les trouvai fantasques, souffrants et odieux.
J'en ai vu qui traçaient, de leurs bras épandus,
Des signes déchirants que je ne compris point
Saint Pierre a dû au Ciel les noter avec soin.
J'ai vu de noirs gibets dépourvus de pendus.
Une source rougie me servit d'écritoire,
La feuille du bouleau eut mon rêve pensant,
Il était à la fois lépreux et pourrissant,
Mais il comprit mes vers, ma fièvre et mon histoire.
Ollivier Mercier-Gouin
Poèmes et Chansons
Beauchemin