Semblables aux filles de joie
Mortes dans leur robe de soie,
Feuilles tombées en plein été,
Je pense à la beauté
Que vous avez été.
Dans l'herbe des vergers,
Vos beaux corps ravagés
Gisent près des troncs fermes
Qui font la garde muette des fermes,
Et qui veillent, la nuit, sur les moissons qui germent
Comme les fleurs fanées d'un bal,
Sur le parquet banal,
Vous êtes là, mortes avant l'automne,
Tandis qu'autour de vous l'été bourdonne
Et que l'espoir des midis sonne.
Et d'autres feuilles vivent
Parmi la clarté vive,
Dansantes dans le vent
Qui fait vibrer l'arbre mouvant
Comme des lyres, autour des nids fervents.
Mais, je sens que viendra le maladif automne
Avec la bise, autour des portes, qui tâtonne ;
Alors, vous aussi vous irez, éparpillées,
Sur les pelouses rouillées,
Hécatombes de choses effeuillées !
Édouard Chauvin
Vivre !
Roger Maillet Éditeur, 1921