Les arbres ont respiré la poussière tout leur soûl,
Ils élèvent leur bruissement au point du jour.
Voler ? Mais il faudrait des ailes
Et les arbres n'en ont pas.
Seul un manteau poussiéreux, vert,
Au bras de chaque saule,
Tandis que par une route brûlante
Ils approchent de la rivière.
Et, tombant à genoux,
Boivent avidement l'eau,
Avidement cherchent l'ombre,
Son refuge d'un instant.
Feuilles tordues, fragiles,
Elles hochent la tête
Et s'arrêtent à l'orée,
À la ligne de l'eau...
Varlam Chalamov
Cahiers de la Kolyma
et autres poèmes traduits du russe
par Christian Mouze
Maurice Nadeau, 1991