À la mémoire de Tony Meraville.
Ô toi dont les rameaux s'inclinent
Pieusement sur les tombeaux
Ou nos pauvres corps s'acheminent
En attendant des jours plus beaux ;
Saule pleureur qui toujours veille,
Qui prie et qui sanglote au vent ;
Aux morts, toi qui prêtes l'oreille
Ainsi qu'un gardien fervent.
Dis-moi, bien bas, ô mon bon arbre,
Dis-moi, n'entends-tu pas la nuit,
S'échapper de dessous le marbre :
Une voix, une plainte, un bruit ?
Ah parle ! car si je t'implore,
C'est que mon cœur est anxieux ;
C'est que... c'est que je doute encore
Que sous terre il ferme les yeux.
Francisque Dumont
Littérature contemporaine, vol.44
Les chansons de l’âtre
publiées par Évariste Carrance
Impr. de A. R. Chaynes (Bordeaux), 1890