Ça va se terminer. La douceur et la beauté s'approchent de nous et ça va se terminer. L'air est un cube transparent dont se devinent les arêtes brillantes. On marche dans une herbe encore vive. Dans l'odeur de terre, par moment survient une odeur de pommes. Un feu s'allume dans les arbres, on a déjà dit cela, mais il revient, il recommence. Un feu très doux, une nappe de cuivre presque sans flammes et qui bouge sans bruit. La splendeur s'ouvre et tombe et je suis sous sa main douce. Pourquoi tant de douceur alors que le temps nous tue ? Les feuilles descendent, elles n'ont pas de poids. Les couleurs tombées font une épaisseur. Partout une chute lente, une sorte d'oiseau replie ses ailes et se pose. Chaque nuance touche. On peut parcourir tous les degrés de l'orangé. Le coq monte sur une butte et chante. Maintenant l'automne est rouge. |
Catherine Leblanc
Le voile très mince qui nous sépare des choses
La Renarde Rouge, 1999