Un soir d'orage imprévisible
Un soir de trains qui se jettent à poings fermés dans la nuit
Un soir de sang sur les vitres
Et de main qui cherche son appui sur les lampes
Quand les rêves ne s'accordent plus
Que dans les visages complices de la pluie
Un soir de démesure
Je me suis mis en marche contre les portes basses
Avec certains noms d'arbres
Qui se lèvent entre nous quand nous nous appelons
Je me suis mis à frapper contre les portes basses
En pensant aux herbes lentes
Qui se dénouent dans les rivières quand nous nous appelons
J'ai frappé de toutes mes forces résolues
Engagé dans ce filon de ciel qui restait à vivre
Victorieux les portes éclatées m'ont laissé entrer
D'un seul tenant et les paupières ouvertes
Dans cette saison visible de partout
Où je vais dénombrer mes arbres dans la campagne
Georges Drano
Visage premier
Rougerie