J'ai payé cette poire au marchand dans la rue…
Ce fruit est bien à moi. — Mais je reste à rêver :
Le marchand a payé le pourvoyeur des halles.
Puis j'entrevois les besognes provinciales :
On a payé, là-bas, ceux qui cueillaient ces fruits.
J'imagine la ferme, et la cour et le puits,
Le verger… Et puis c'est à l'arbre que je pense.
Ô bon arbre qu'as-tu reçu pour récompense ?
Arbre inconnu, du moins, soit loué, soit béni
Pour le fruit radieux que je savoure ici !
Sois donc bénie aussi, ô terre! Et toi, encore,
Sois béni, ô soleil qui fécondes et dores!
Noël Nouet
La Muse française
n°7, juillet 1924