La nuit emporte dans le tournoiement du couchant
Le visage ivre de la forêt
La route ne va jamais jusqu'au soleil
Et ta main n'ira jamais jusqu'à la main de celles
Qui danseront ce soir dans mon jardin
Les troncs décharnés des sapins abattus
Luisent au cœur du crépuscule
Comme les lingots d'or de ma force
Au fond des plaies noires où se coagule
Le miel des tentations
Il faut soulever l'écorce
Pour découvrir la lumière
Je sais qu'il y a dans le monde
Un homme et une femme
Dont l'amour aurait tout transformé
Mais qui ne se rencontreront jamais
Marcel Béalu
L'Air de Vie
Poèmes 1936-1956
Seghers, 1958