Un arbre s'élevait dont les féconds rameaux,
Des orages du monde abritant ma faiblesse,
Répandaient dans mon sein, que trop de clarté blesse,
Et les plus douces fleurs et les fruits les plus beaux.
Une étoile brillait, le plus pur des flambeaux,
Dont le divin sourire, égayant ma tristesse,
Pour réchauffer mon cœur, altéré de tendresse,
Eût percé d'un rayon la pierre des tombeaux.
Cet arbre protecteur, — je vivais dans son ombre,—
C'était toi !.... Cette étoile où mon âme trop sombre
Retrouvait ses lueurs, c'était toi ! c'était toi !
L'arbre est encor debout, l'astre peut encor luire ;
D'où vient donc que je pleure et qu'il n'est plus pour moi
Ni feuillage, ni fruit, ni rayon, ni sourire ?
Poitiers, 18 mai 1849.
Edmond Arnould
Sonnets et poèmes
Charpentier, 1861