pour L.I. Kachina
Tes seins de jeune fille, Tes cheveux verdoyants... Qu'as-tu, frêle bouleau, À contempler l'étang ?
Que te souffle le vent, Et que tinte le sable ? Attends-tu que la lune Vienne peigner tes nattes ?
Confie-moi le secret De tes pensées de bois ; J'aime au seuil de l'automne Ton murmure sans joie.
Et le bouleau répond : « Ô curieux, mon ami, Un berger à mes pieds A pleuré cette nuit.
Dans l'ombre de la lune Les blés verts scintillaient ; Le berger enlaçait Mes genoux dénudés,
Puis souriant il dit Aux branches qui résonnent : Adieu, ma tourterelle, jusqu'au temps des cigognes ! »
<1918> |
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Sergueï Essénine
L"Homme noir
Traduction de Henri Abril
Circé, 2005