Dans le jour des prairies
un enfant vole sa première pomme,
cueille naïvement
l'interdit dans ses mains.
La liberté l'envahit,
il court la regarder,
la polir dans le haut d'un arbre,
à l'abri.
L'arbre, c'est un frêne chaud,
(de ceux qui font le roux des buissons)
une écorce lisse, des nœuds noirs
à la fourche des branches.
Près du ruisseau avec vue sur saule,
fragilité et espérance
de cette photo noir & blanc
qui reflète l'élégance de l'eau
dans l'imparfait du temps,
la mémoire de cet enfant
des granges qui a vu le ciel
dans une pomme volée,
est entré en silence dans le soleil
de ce cliché en croquant le large
par effraction, portant tous les arbres
du monde dans ses bras.
Pascale Arguedas
Port-Royal des Champs, janvier 2013
(Les grands arbres furent tellement grands avec leur grand âge contre notre enfance qu'on n'en finit plus d'imaginer une mémoire assez profonde et des prés bas plus verts dans leur ombre. James Sacré) |