La branche de sapin aux doigts nacrés de neige
Étire ses rameaux avec un lent orgueil.
Dans sa pose figée elle exhibe à notre œil
Son aristocratique et hautain sortilège.
En un pesant repos elle est là suspendue,
Au clair de la croisée allongeant son corps noir,
Qui dans l'air agrandi mais reposant du soir
Accueille le respect comme une chose dûe.
Pieux sapin raidi tel un Devoir sacré,
Beau sapin gigantesque en notre sol ancré,
Laisse mon âme errer vers ta cime pointue !
Fantôme de prière auprès du ciel obscur,
Ton clocheton béni balance un rêve dur,
Fier et seul sous l'azur, loin des routes battues...
Février 1944.
Paule Boulesteix
Filigrane
Les Cahiers des poètes de notre temps, n°270
1962