Comment rendre les nœuds et la ligne mélodique de l'arbre,
L'harmonie verticale et l'exhaussement vers le ciel du noyau
De lumière qui déploie en ramifications ce qu'il eut de vigueur
Enfouie. Au pépiement des étoiles, il répond, le cèdre, qui pousse
Vert et bleu son faîtage vers la voûte. L'encre dont le pinceau
S'ébouriffe à poursuivre et saisir les pulsions imperceptibles
Qui font la forme, l'encre on dirait qu'elle mue en mouvement
À la surface du papier, imitant l'arbre qui oscille, encense,
Amenant à lui la terre ténébreuse qu'il tire et retient,
Qu'il fixe à son axe, aux racines, à l'écorce qu'un labour cloisonne.
Il nage en son encre, de tous ses tentacules célèbre la dissémination des mondes,
Du vert au bleu reteint sur la terre les ombres qu'il étend, tamis où la lumière
Passe en tessons de couleurs qui font du merle un phénix,
De la palombe l'oiseau spirituel dessiné au sommet des verrières.
(Au Jardin des plantes, février 1987.)
Robert Marteau
Fragments de la France
Champ Vallon, 1990