La couronne du saule, vue d'en dessous, s'offre en constellations parmi lesquelles pendent des fils d'araignée, où les rayons obliques du soleil matinal se brisent, faisant un panier de paille. On pourrait y ramasser l'or, se faire, avec les trouées, des chiffons. Je me contente de regarder dans la lumière du jour comment la nuit se compose, s'y découpant en formes étoilées, filtres chlorophylliens, alvéoles. Les branches maîtresses, comme les nervures de l'ogive, portent au ciel ce qui fut enfoui, l'offrent, comme l'arborescence pulmonaire expulse le souffle pour le chant a capella. J'entends au pied le ruisseau courir. Le pic chevelu, quand les corneilles sont parties, frappe les coups qui le font reconnaître. Aussi, pris de crainte, il ne s'attarde pas. |
(Saint-Laurent-du-Fleuve, mercredi 7 septembre)
Robert Marteau
Fragments de la France
Champ Vallon, 1990