Forêt pieuse forêt brisée où l'on n'enlève pas les morts
Infiniment fermée serrée de vieilles tiges droites roses
Infiniment resserrée en pins vieux et gris fardés
Sur la couche de mousse énorme et profonde en cri de velours
Avec les squelettes grandis tombés en travers extasiés
Forêt pieuse et plante mystique avec un seul piaulement fauve
Et le murmure symphonique d'un vent prenant éternel
Et la musique du seul vent sur toutes cimes branlées à peine
Et la fraîcheur de la mort dans la poussée obscure et pleine.
Pierre Jean Jouve
Diadème suivi de Mélodrame
Gallimard, 2006