Sans feuillage l'oiseau perd l'usage du ciel
Sans amour l'univers nous serait ennemi
Sans âme qui ne voit que les blés hors d'haleine
Enracinent les vents de l'arrière-pays
Sans amour la chanson que les enfants reprennent
Nous vient d'un autre monde et c'est encore un cri.
Il y a tant d'oiseaux blessés dans ma mémoire
Tant d'hommes par le froid de l'âme condamnés
Tant d'arbres abattus et tant d'astres le soir
Qui lèvent la ténèbre en pleine Voie lactée
Que marchant sur les pas de mes tristes ancêtres
Je ne peux plus sauver les autres, ni sauver
cette part de moi-même où triomphe la chair
Alors que l'Esprit seul voudrait y triompher.
Sans feuillage l'oiseau perd l'usage du ciel
Sans arbres, sans amour, sans rêve, sans abri
Que feront les vivants de ce jour qui se lève
Que feront les mourants de ces pierres qui crient ?
Sans arbres, sans oiseaux quel pays me protège
Et sans ce Dieu que je poursuis de rêve en rêve
Qui dira tout le mal que je n'ai pas commis ?
Charles Le Quintrec
Terre Océane
Albin Michel