I
L'été
à ses pieds
le cri des insectes
invente au dehors un buisson qui l'enserre
d'un vertige de chant tenu, épanoui.
II
L'hiver
sous un ciel clair,
ses branches
en plombs de vitrail,
l'arbre est notre prédécesseur
dans la déjà très vieille cathédrale de la terre
III
Au printemps, les chatons rouges du peuplier
dans le ciel chichement ouvert
aux yeux d'un blessé
lui disent que le sang
peut affleurer aussi à la vie montante.
L'arbre est seul
à se pencher vers lui
de toutes ses branches
IV
Automne.
nous savourons le goût
mi-rouille mi-sang
de l'écorce
caressée de nos doigts mortels.
Devenus cendre, à ses pieds nous occuperons
un très minime espace où se déploie
un univers de champignons, bactéries, plantules
sans mots, sans alphabet non plus.
Le monde enfin. Son énergie.
Marie-Claire Bancquart
Avec la mort,
quartier d'orange entre les dents
Obsidiane, 2005