Arbre mon aimantier
qui prend le geste de l'homme
et la forme de son salut
Mon arbre qui devient la plus pure présence
de l'homme dans son désert
qui connaît le secret des gisements de l'âme
les audaces du cœur calcaire
et la vertu patiente du jaillissement
Mon arbre bien planté
dans cette chair atroce
où Dieu résonne
ô mon caveau
Voici que le matin
jette ses morts à la surface des eaux
et que la terre frémit d'impatience
Rues fenêtres corsages
il y a là une fête qui monte
et mon arbre loyal je te salue.
Paris, 4 janvier 1951 7 heures du matin (sur carnet Eph. Gibert) |
Jean Sénac
Œuvres poétiques
Actes Sud, 1999