L'azédarach en proie à l'automne aime l'automne.
N'a pas de cime, pas de frissons.
A résisté encore quelques jours. De longues feuilles
fendues.
Tombées de lui comme du bégonia. Ici là sans raison.
L'azédarach en proie à l'automne aime l'automne.
A résisté encore quelques jours de soleil. Pluie, pluie
de feuilles, longues, fendues, détachées.
Tombées sans raison. Tombées aussi du bégonia sans
tête.
Encore quelques jours de soleil. Chute des feuilles
dans un baiser. Il aime l'automne.
Pas de feuilles au pays.
A l'automne livré, de ses feuilles déshabillé.
Volontiers, je veux dire.
Je l'ai aimé, l'automne.
Un nid vient, un nid s'en va. Un nid en allé de l'été.
Tombé en silence sur une branche basse, comme
un mort trouvé sur la route.
Qui avait trouvé grâce, qui avait construit le nid, la
même tourterelle est tombée avec lui.
Une plume, rebelle. Des jours à tourner
avec cette drôle de plume. A la fin l'ordre revenu,
mais peut-être était-ce une autre tourterelle. Ou
bien non.
J'aimerais voir des pommes sur l'azédarach
qui n'a pas de pommes. Combien de temps déjà passé.
Les tourterelles habitantes des arbres de juin
pleurent sur l'astre rouge — il vient en décembre.
Même si tu n'es qu'un arbre, juste un arbre,
comme l'homme, avec l'homme, tu surmonteras ça.
Tourterelles tout là-haut on ne vous entend pas
l'hiver.
Jusqu'à l'afflux de sève dans les branches, après l'hiver.
15 octobre - 11 décembre 1972
Avot Yeshurun
La faille syro-africaine
Traduit de l'hébreu par Bee Formentelli
Actes Sud, 2006