Cavalerie de l'or ! Cavalerie du temps !
Toute cavalerie entend battre la mer
Et la forêt mouillée (Cavalerie !) l'entend.
(Grande forêt mouillée, entends battre la mer,
Grande forêt, entends !)
Cavalerie de l'or. Cavalerie du temps.
(Ô forêt d'eau et d'or !)
Grande forêt mouillée, entends battre la mer.
L'oyat souffre là-bas de n'être pas foulé.
Foulé ! Ô vain sommeil
Que salent des écailles !
Voici, grande forêt !
(Tu es roc et tu vis ! Je respire à travers
Ô forêt au galop ton noir galop de pierre.)
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Cavalerie de l'or ! Cavalerie du temps !
Claire cavalerie des grands actes du temps !
Un arbre dans le ciel contre le ciel prétend.
(Ô tempête trouée d'un arbre toujours noir.
Ma coiffure défaite griffe le lit du temps !)
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Un arbre dans le ciel. Et la force se lave.
Un arbre dans le ciel, que protège un oiseau.
Ah ! qui protégera l'arbre assiégé d'épaves
De regarder au ciel trop haut ?
(Ô repos tu ignores l'eau du fleuve et ses dons.
Le fleuve doit grandir sans ton adoration.)
Cavalerie de l'or ! Cavalerie du temps !
Au cœur de la montagne balance des torrents !
Quelle flamme surplombe ô fontaine des feuilles
Naïves le message de l'été partagé ?
(Devisantes saisons, frondaisons, répondez.)
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Un arbre dans le ciel : la ruisselante mort
N'aura pas de maison.
À l'heure du déjuc la défaite incertaine !
La mer incendiée recule sous les ponts.
L'or même s'abandonne
La nuit lignée limpide
Parcourue de
Parures exalte ses raisons.
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Pluies. Espaces. Victoires.
Solitude des jours.
Une douceur de sable campe sur mes genoux.
Mon rire ne sait plus quel refus le soulève.
Quelles bêtes détournent l'Océan de ma joue.
Un cheval sans sabots paît derrière la brume.
Je songe au coquillage qui le couvre de sang.
Lueurs de l'origine, redénouez la mer !
(Ô mort déjà moins vieille, entre en sédition.)
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Un arbre dans le ciel. Solitude des feuilles.
Ô solitude en feuilles. En feuilles sur mon front.
Pierre Oster
Paysage du Tout
Gallimard, 2000