Les forts habitent la forêt
La forêt coule avec aisance dans l'immobilité du temps
Elle résume les éclats de milliers de jours inutiles
Ses racines plongent profond sous les arcs écroulés du sable
- Et la mer rôdait par ici quand rien de végétal encore n'avait
créance
Les arbres du vent s'asphyxient dans des géographies confuses
Ils s'arrangent pour qu'un voisin n'ait ni leur terre, ni leur jour
Arbres ! vous êtes forts et seuls
Sans illusion sur la lumière
La révolution
Le futur
Vous les faites en consentant des planches lisses aux cercueils.
Luc Bérimont
Poésies complètes, tome II
Presses Universitaires d'Angers, 2000