Grimper au cerisier ? qui peut bien —
C'est moi, le bambin.
J'ai pris la malle dans mes deux mains
Et scruté les pays lointains.
J'ai vu le jardin d'à côté
De mes yeux vu, resplendissant de fleurs,
Et tout plein, tout plus de lieux enchanteurs
Qu'il m'en avait été donné.
J'ai vu passer la rivière et ses rides
Puis se muer en miroir bleu des cieux ;
Monter et puis descendre les sentiers poussiéreux
Avec les gens clopinant vers la ville.
Si je pouvais trouver arbre plus haut
Plus loin, plus loin encor je pourrais voir,
Jusqu'où la rivière adulte s'en va choir
Dans la mer au milieu des bateaux,
Jusqu'où les routes de chaque côté
Mènent au pays des contes de fées,
Où les enfants en chœur à cinq heures vont dîner,
Et où les jouets prennent vie.
Robert Louis Stevenson
Jardin de poèmes enfantins
Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Naugrette
Circé, 2006
Foreign Lands
Up into the cherry tree
Who should climb but little me ?
I held the trunk with both my hands
And looked abroad in foreign lands.
I saw the next door garden lie,
Adorned with flowers, before my eye,
And many pleasant places more
That I had never seen before.
I saw the dimpling river pass
And be the sky's blue looking-glass ;
The dusty roads go up and down
With people tramping in to town.
If I could find a higher tree
Farther and farther I should see,
To where the grown-up river slips
Into the sea among the ships,
To where the road on either hand
Lead onward into fairy land,
Where all the children dine at five,
And all the playthings come alive.
Robert Louis Stevenson