Etancelin. Qu'un arbre tombe
Auprès de la Tombe à l'Enfant
Il frappe un bruit sauvage et sombre
A croire que mon cœur se fend.
C'est un géant : vacille et tombe
Ecrasant ses petits enfants
Colosse épandu. Point de tombe
Mais des cognées, des scies crissant.
O Bécognée ! En rit la brute
Très bas sous les vents et les nids
Pour moi, cette atroce culbute
Heurte à des chagrins infinis
Je le vois frémissant de feuilles,
Le revois fusant vif d'oiseaux
De tous ordres espèces remeuilles
Agiles comme des fuseaux
Moulière immense, immarcescible
Tu vibres tout de même moins
Cette flèche prise pour cible
Te prive d'adorants témoins.
Je porte depuis mon enfance
La grande forêt dans mon cœur
Et chaque arbre qui meurt m'offense
Mais l'homme y est toujours vainqueur
- Oui. Bien qu'y saignent des piqueurs -
...Pour ses bateaux, pour ses cambuses
Il faut du bois, du bois, du bois
Et pour ça, tout en haut, les buses
Tournent et crient trois fois, trois fois
Sur cet arbre mort comme un Roi.
Maurice Fombeure
A chat petit
Gallimard