A même la terre à même la vie le grand arbre
avec une tranquillité tacite de vieux sage
prend ce qui lui est donné chaque jour
Il accueille la grêle sa mitraille glacée
ou bien l'averse douce avec ses doigts légers
ou les pluies d'équinoxe qui défilent sans trêve
Il reçoit le soleil en sourdine d'avril
le feu de joie central qui incendie l'été
et ses rayons en gloire entre les nuages longs
L'arbre écoute les paroles sans relâche du vent
les mots murmurés haletants coléreux
et le très faible souffle respiration du temps
Mon ami le noyer un vivant qui sait vivre
Le Haut-Bout Lundi 9 juillet, mardi 10 juillet 1990 |
Claude Roy
Les pas du silence
suivi de Poèmes en amont
Gallimard