15 mars 2015
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Mi casa muerta
Ne détruisez pas ma vieille maison, avais-je dit. Ne détruisez pas ma maison. Nous avions notre tonnelle et deux portes sur la rue, un jardin à l'entrée, petit mais grand, un pommier terrassé maintenant par le cri et le ciment. Le pêcher et l'oranger étaient déjà morts mais nous avions aussi (comment l'oublier !) un arbre à grenades. Des grenades qui sortaient de son tronc, rouges, vertes, l'arbre se mêlait au mur, et tout près, dans la rue, un tronc qui donnait des mûres chaque année, qui emplissait de feuilles à l'automne les portes de ma maison. Ne détruisez pas ma vieille maison, avais-je dit, laissez au moins mes grenades et mes mûres, mes pommes et mes grilles. | No derrumben mi casa vieja, había dicho. No derrumben mi casa. Teníamos nuestra pérgola y dos puertas a la calle, un jardín a la entrada, pequeño pero grande, un manzano que yace seco ahora por el grito y el cemento. El durazno y el naranjo habían muerto anteriormente, pero teníamos también (¡cómo olvidarlo!) un árbol de granadas. Granadas que salían de su tronco, rojas, verdes, el árbol se mezclaba con el muro, y al lado, en la calle, un tronco que daba moras cada año, que llenaba de hojas en otoño las puertas de mi casa. No derrumben mi vieja casa, había dicho, dejen al menos mis granadas y mis moras, mis manzanas y mis rejas. |
Javier Heraud Le Fleuve suivi du Voyage traduit par Franchita Battle Librairie François Maspero, 1971 | |
Photographie : Gabriel Meunier
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