L'océan écumeux hurle en battant la côte :
« Ô sapins orgueilleux, soumettez-vous au sort !
Nul arbre ici ne doit porter sa tête haute,
Mon haleine jalouse est un souffle de mort.
« Que n’alliez-vous au bord des paisibles rivières
Ombrager le sommeil calme de verts îlots ?
La fauvette eût niché sous vos branches légères. »
Les géants sans plier répondent aux grands flots :
« Courbe-nous, mer grondeuse, effeuille nos verdures,
Nos rameaux obstinés attendent les blessures,
Les jardins ne sont bons qu'aux rosiers paresseux ;
« La souffrance est la force, et le combat la vie ;
Souffle ! Nous jetterons, malgré ta tyrannie,
Notre fraîcheur à l'homme et nos parfums aux cieux. »
Georges Lafenestre
Les espérances
J. Tardieu, 1864