9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 08:00

  

Les arbres ne demandent pas aux morts qui ils furent,

ce qu'ils firent, quels noms les faisaient se retourner

quand le sang coulait encore dans leurs artères ;

leurs racines nous étreignent, dans le silence de la terre,

cherchant passage vers les profondeurs ; et les corps

immobiles, rendus à l'érosion de la matière, n'offrent pas

de résistance à cette ultime copulation.

 

 

L'hiver, nous voyons dans la couleur des feuilles les signes

de cet amour souterrain. Il y a des traits sans lumière qui

     restituent

la mort à une autre vie, naturelle, invisible,

cherchant dans l'atmosphère la sortie vers l'obscurité

sans rêves de la fosse oubliée. Si nous arrachons ces feuilles,

et les laissons tomber, elles se détruisent plus vite,

se confondant avec le propre vide

de l'univers.

 

 

Le vent fait parler ces êtres hésitants quand

il traverse les branches, et une existence occulte tremble

dans les oreilles attentives à l'ombre. Ne demandez pas

à qui s'adressent ces voix : à toi, à moi, à nous

tous en qui le soleil éveille encore la jouissance

des sens ; cependant, aucune réponse ne trouvera

le chemin de cette interrogation privée de sens. Les corps,

qui s'éloignent de leur négation, suivent la logique naturelle.

 

 

Seulement la nuit, parfois, un bruit vain

réveille le plus inquiet des pressentiments. Quelqu'un,

dont l'image ne nous est pas étrangère, tente de s'approcher

chaque fois que nous pressons le pas. Il ne sert pourtant à rien,

ce jeu sans partenaires ; et le cœur pressé

retrouve le rythme normal quand la porte s'ouvre,

laissant entrevoir la lumière de la maison, la chaleur des conver-

    sations,

la brume des respirations.

 

 

Malgré tout, nous cherchons le confort des bois,

nous nous asseyons à l'abri d'un tronc, nous cueillons le fruit

que nous offre la saison tardive. Le jour dissipe

les impressions de la veille ; et les contours visibles

du monde alimentent, en esprit, l'illusion

de l'éternel.

 

 

 

 

Nuno Júdice

Les degrés du regard

Anthologie de Michel Host

Traduit du portugais par Michel Chandeigne

L'Escampette, 1993

SG

 

                  et des arbres...
   

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Bonne lecture !

Sylvie Gaté