Les arbres en feuilles nous reviennent
Comme une chose dite juste à peine ;
Les bourgeons nouveaux se déploient et s'affaissent,
Leur verdeur a une espèce de tristesse.
Serait-ce parce qu'ils sont nés derechef
Et que nous vieillissons ? Ils meurent aussi, non !
Chaque an leur truc pour se donner l'air neuf
Est écrit sur le grain du bois en ronds.
Toujours est-il qu'à chaque Mai s'étoffent
Châteaux mouvants de frondaisons épaisses.
L'année dernière est morte semble être leur annonce
Recommence toi-même à neuf, à neuf, à neuf !
Philip Larkin
Où vivre, sinon ?
Traduit de l'anglais par Jacques Nassif
La Différence
The trees
The trees are coming into leaf
Like something almost being said ;
The recent buds relax and spread,
Their greenness is a kind of grief.
Is it that they are born again
And we grow old ? No, they die too.
Their yearly trick of looking new
Is written down in rings of grain.
Yet still the unresting castles thresh
In fullgrown thickness every May.
Last year is dead, they seem to say,
Begin afresh, afresh, afresh.