I
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Oui, j'ai lu la Forêt, étage après étage.
Je me suis ancré dans le nœud de ses racines, dans l'aubier de son aubier, dans le parfum de son parfum.
Avec les yeux du lynx, l'ivresse de la grive, je l'ai feuilletée, saisons après saisons. Rugueux en sont les mots comme l'écorce. Mais frais, encore, de feuillages arrachés à l'enfance.
Toujours, derrière ma lecture, ce frissonnement léger, affirmation de feuille ! |
II
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Ma Forêt, sur la page blanche, la parenthèse verte !
Entre les guillemets des saisons, sa phrase lovée comme un serpent. Sa majuscule qui s'enferre dans le point final. Toutes ses propositions si familières. Gland miellé offert aux lèvres. Branches nidifiées d'où l'oiseau s'échappe. Insecte sous l'écorce, comme une promesse d'envol.
Ma Forêt, parenthèse faite de mille renaissances. |
III
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Cet alphabet d'eau et de lumière !
Avec ses lettres riches en sucs, en nœuds, en ramures. Ses lettres qui forment touffes, qui s'étendent. Toutes les lettres que la Forêt ne cesse d'agiter, hors du temps.
Cet alphabet du premier jour, à l'intention de ceux qui connaissent. |
Maurice Bourg
Saisons qui portez tout
Librairie Saint-Germain-des Prés