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A Marcel Gonzalèz
Le vent du nord dans les cyprès
roulant
riant, vacarmant
pleurant les jours bienheureux des mers
libres, querelleuses
crache les gueuses chimères
des âmes en allées
Les cyprès dans leur verdeur
folle, mobile
sont signes des vivants
au vent du nord des trépassés
Arbres virils
dressés sur l'eau féminine des lochs
sexes triomphants
des hivers gorgés de germes
dans les dormantes terres
ils violentent les fragiles demeures
et les chambres et les pensées
Les amours et les morts
se répondent à l'heure des cyprès
Le vent du nord gémit dans les cyprès
toute joie déserte les rivages et les parcs
où les veuves belles et nues
écoutent l'appel déchirant
des amants atlantiques
disparus en de celtiques véhémentes Irlandes
Je chante les cyprès centenaires
qui clament aux haies quaternaires graciles
où les geais dans les pluies se déchirent
que la chair des hommes pourrit richement
dans l'humus fertile et gras
des feuilles en novembre
Le vent du nord
cueilleur de lunes et de frimas
emplit les mains glaciales des cyprès
et dresse, arbore
les funèbres bannières de l'absence
sur les baies musicales et les croix effarées
Je vous le dis
moi j'aime le vent du nord dans les cyprès
Xavier Grall
La Sône des pluies et des tombes
Kelenn