Pourquoi regarder toujours l'onde ?
Pourquoi tant d'amère douleur,
Saule pleureur ?
N'as-tu plus d'espoir en ce monde ;
Es-tu courbé sous le malheur ?
Pauvre rêveur !
Que cherches-tu dans la rivière,
As-tu perdu quelqu'un ici ?
À comprendre ta peine amère
Je cherche aussi.
Saule éploré, je t'en conjure,
Révèle-moi ce grand secret...
Mais je n'entends que ton murmure
Plein de regret.
Êtes-vous, fleurs pleines de larmes,
Et vous, saules ainsi penchés,
Comme sous de magiques charmes
Des cœurs cachés ?
Si notre âme au ciel monte et chante
Quand nous dormons du grand sommeil ;
Si le corps devient arbre ou plante
Sous le soleil ;
Si toute chose est transformée,
Peut-être qu'à ce même endroit
Quelqu'un mourut sans bien-aimée...
Et saule il croit !
Auguste de Chatillon
À la grand'pinte
Poulet-Malassis et de Broise, 1860