Au bord du gave ruisselant,
De fleur en fleur, de pierre en pierre,
Léger comme une primevère,
Rêve le peuplier d'argent.
Sa silhouette est agitée
Même quand ne souffle aucun vent,
Car c'est le cœur de la vallée
Le mince peuplier d'argent.
Les oiseaux sur ses frêles branches
Aiment tant à bâtir leur nid !
En avril vole autour de lui
Tout le bonheur des plumes blanches !...
Et l'on voit, paternellement,
Sourire la face troublée
De l'arbre au feuillage mouvant,
Car c'est le cœur de la vallée
Le mince peuplier d'argent.
Jules Supervielle
Oeuvres poétiques complètes
Bibliothèque de la Pléiade, 1996