Sous la douce étreinte de mars le pêcher grêle
Fleurirait, n'était qu'il voit encor les montagnes
Trop enneigées et qu'il redoute d'affronter
La menace soudaine et violente du vent.
Ce qu'il redoute aussi c'est par sa floraison
De déplaire au peuplier, roi des horizons,
Et au vieux figuier, prêt à lui ouvrir ses bras
Afin d'en surveiller les foucades trop vives.
Mais, dans la tiédeur d'une nuit,
Voici qu'une langueur, un frisson, un désir
Fou, et puis comme un soupir... C'est l'aurore :
Le voici qu'il se voit, rutilant de rosée,
Nimbé dans une nuée rouge de corolles,
Il hésite et embaume aux brises matinales.
Francesco Pastovichi
Poètes d'Italie
Anthologie de Sicca Venier
Gallimard, 1979