L'arbre est le seul patriarche qu'il accepte,
son ombre est sans clôture, ne pèse pas,
le comble d'amplitude et de recueillement,
féminine, profonde, dont les bras sans matière
ont la douceur de l'obscur, car sa béance
se nourrit d'un silence plein de rumeurs,
d'une mutité parlante au cœur, et qui l'apaise
quelle que soit sa couleur, argent-vert en avril,
ou bronze un peu avant l'hiver ; l'égalité
d'un amour visible et sans visage où la déesse
se cache, bénissant celui qui accepte la vie
et les visages, aime la circulation des choses, la bonté
de finir, la rencontre des contradictions.
Elle délègue auprès de lui une femme comblée.
Jean Mambrino
La saison du monde
José Corti, 1986