À l'austère fenêtre
de l'Armée du Salut
un figuier tend vers moi ses branches,
mains qui cherchent ma main.
Je sais la profondeur de ses racines.
Je sais le frisson de sa verte ramure.
Je sais la faveur de son fruit,
la sève piquante et laiteuse qu'il secrète,
la charge dont il est capable,
l'air en feu qui le dessèche.
Et lui aussi me connaît, de la tête aux pieds.
Jour et nuit, ses branches me réclament.
Je ne saurais m'en plaindre,
moi qui suis en mal d'ami.
Je n'ai d'autre que lui à qui prendre et donner.
Plus qu'un figuier, c'est une créature.
Vangjel Leka
Anthologie de la poésie albanaise
par Alexandre Zoto
Éditions Comp'Act, 1998