Je te croise au hasard de ma route,
et conçois ta terrible solitude.
Tu vieillis, été comme hiver,
ignorant le bonheur de la vie en forêt.
La joie de braver les colères du vent,
de te briser plutôt que de plier sous lui.
La joie des racines agrippées au rocher
pour prévenir la chute au fond du ravin.
Exotisme stérile. Tu as peur de la terre
et recherches les cieux. Tu as peur de l'automne
et n'émets nulle feuille. Tu as peur de toi-même
et somnoles en silence. Tu as peur de la vie.
Si du moins la caresse d'une queue d'écureuil
ou le toucher d'une aile d'abeille mouraient avec toi,
le jour où brûlerait ton corps desséché,
pour donner le regret de choses laissées en ta garde secrète.
Ilirian Zhupa
Anthologie de la poésie albanaise
par Alexandre Zotos
Éditions Comp'Act, 1998